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Découverte — Spirit Island

Pour ce deuxième article « spécial confinement », nous allons nous pencher sur l’un des meilleurs jeux de ma collection, ou en tout cas l’un de ceux pour lesquels j’ai une affection toute singulière : Spirit Island.

    

Spirit Island est un jeu coopératif de R. Eric Reuss. Il est illustré par (attention, c’est long) Jason Behnke, Loïc Berger, Kat. G. Bermelin, Loïc Billiau, Cari Corene, Lucas Durham, Rocky Hammer, Sydni Kruger, Nolan, Nasser, Jorge Ramos, Adam Rebottaro, Moro Rogers, Graham Sternberg, Shane Tyree et Joshua Wright. Il est édité en français par Intrafin.

Une partie dure entre une et deux heures en fonction du nombre de joueurs, de la configuration choisie, de la difficulté et de votre tendance à tergiverser.

Quel est le but du jeu ?

Les joueurs incarnent les grands esprits protecteurs d’une île soumise à un immense péril : des envahisseurs viennent de poser le pied sur votre terre sacrée ! Rien ne va plus ! Ces mécréants explorent et construisent des villages partout, brûlent vos forêts luxuriantes, mettent en danger les autochtones, ravagent tout sur leur passage et n’ont visiblement aucun égard pour votre tendre sensibilité.

Mais vous, êtres divins et bienfaiteurs, vous êtes au-dessus de ces petits imposteurs. Vous avez donc trouvé une solution pour sauvegarder ces marécages que vous aimez tant. Il faut détruire les occupants ! Tous, jusqu’au dernier ! Anéantir leurs cités, et massacrer tout le monde. Et surtout, il faut leur faire peur ! Les terroriser nuit et jour, jusque dans leurs foyers ! Faire couler le sang et traumatiser le cœur fragile des hommes ! Vous ne serez satisfaits que lorsqu’ils seront tous morts ou qu’ils fuiront l’île dans la plus grande pagaille, terrifiés et tourmentés pour le restant de leurs jours.

Voilà. Vous êtes dans l’ambiance? Très bien.

Une mise en place entièrement Solo en mode “Blitz” (que j’appelle aussi le mode “Bébé”)

Comment ça marche ?

Ça marche très, très bien.

Pour parvenir à ses fins, chaque joueur prend le contrôle d’un esprit, qu’il choisit parmi les huit disponibles. Chaque divinité a une façon très particulière de se comporter et possède de nombreux paramètres : elle a des forces et des faiblesses, une manière bien à elle de croître et d’agir, un paquet de cartes de départ ainsi qu’une mise en place personnalisée. Un esprit peut être offensif ou défensif, rapide ou lent, s’attaquer aux villes ou aux hommes, agir depuis les côtes ou depuis l’intérieur des terres, interagir avec les dahans (vos autochtones) ou avec les envahisseurs, être terrifiant ou pas du tout. Certains soutiennent les autres. D’autres sont très solitaires. La polyvalence est rare. Cela donne au jeu une asymétrie très intéressante à gérer.

Les esprits ont des petits noms mignons.

L’idée générale est donc d’apprivoiser la divinité que vous avez et tirer le maximum de ses capacités.

Il y a trois grandes composantes dans Spirit Island. Je ne vais pas entrer dans le détail, car les possibilités sont dantesques, mais voilà comment on pourrait résumer la chose.

Les joueurs agissent trois plateaux différents. Il y a l’île, sur laquelle toutes les batailles ont lieu. C’est là que vous vous déplacez, que vous créez des sites sacrés, que vous détruisez les envahisseurs et tentez d’établir des stratégies pour protéger les territoires en danger. Les dahans (les gros champignons) sont vos principales forces armées. Ce sont eux qui, si ils survivent, détruiront le plus de cités! Cerise sur le gâteau, l’île est modulable.

Il y a ensuite le plateau des Envahisseurs, qui gère leurs mouvements et leurs actions ainsi que les différents niveaux de terreur dont ils sont les proies. Les joueurs doivent toujours être très attentifs à ce plateau : c’est là qu’ils peuvent anticiper les actions de leurs adversaires et surtout faire monter le niveau de peur. Plus ce niveau est élevé, plus c’est facile de gagner. Il existe même une condition spéciale : si les occupants sont totalement submergés par l’effroi, la victoire est à vous sans avoir à les détruire, car ils s’enfuient !

Il y a enfin le plateau Esprit que chaque joueur possède. C’est là que vous décidez comment vous souhaitez croitre, ce qui est le cœur du jeu : vous pouvez gagner de nouvelles cartes, récupérer celles qui sont dans votre défausse (pas de pioche automatique !), gérer votre niveau d’énergie et le nombre de cartes que vous pourrez jouer pendant votre tour. C’est aussi là que les pouvoirs spéciaux de votre esprit se trouvent.

Les phases sont spécifiques et doivent être suivies à la lettre. Lors de vos premières parties, n’hésitez pas à avoir une aide de jeu à portée de main pour être sûrs de ne pas vous tromper. Je ne vais pas entrer dans les détails des règles, il y a des articles sur internet qui font ça très bien.

Le principe le plus important est de toujours garder le rythme. C’est un peu comme un marathon. Si les envahisseurs ravagent trop de régions, vous avez perdu. Si vous avez été trop lents et qu’ils achèvent d’explorer l’île, vous avez perdu. Si un esprit se fait chasser de l’île (c’est rare, mais ça peut arriver), vous avez perdu. Bref, on perd vite et beaucoup.

Spirit Island vous propose donc une grande diversité de mises en place et de modes de jeu, du plus facile au plus difficile et du plus simple au plus complexe. Cela permet aux nouveaux joueurs de prendre en main les mécaniques au fur et à mesure. Et c’est assez génial. Pas la peine d’essayer de jouer directement avec Le Porteur de Rêves et de Cauchemars (« Coucou, Beuh ! » pour les intimes), ou vous risquez d’y laisser quelques plumes.

Pour ma part, j’ai dû faire une petite trentaine de parties, que ce soit à plusieurs ou en solo, et je n’ai pas encore tout testé. Le contenu est simplement gargantuesque.

Et le solo dans tout ça ?

Spirit Island s’adapte parfaitement à n’importe quel nombre de joueurs. J’ai même vu des gens jouer à 6 en rajoutant des plateaux d’île, ces grands fous. Lorsque l’on est seul, il faut juste faire attention aux cartes visant les alliés, qui deviennent obsolètes. On peut tenter l’aventure avec deux divinités en même temps pour éviter cet écueil, ce qui permet également de ne pas avoir à se casser la tête pour trouver un esprit qui peut se plier à l’exercice du solo. La Poigne Vorace de l’Océan, qui n’agit que sur les régions côtières, est un cauchemar en solo.

Victoire pour le Buisson Infernal !

Moi, j’aime bien jouer avec La Prolifération de la Verdure Rampante. C’est une espèce de gros buisson. Il ne fait pas très peur, mais il est rapidement présent partout et quasiment impossible à chasser de l’île. J’ai un ami qui ne jure que par Le Jaillissement de la Rivière Étincelante (l’un des esprits les plus simples à prendre en main), qui est selon lui le plus polyvalent.

Comme vous pouvez moduler la difficulté à chaque partie en choisissant un mode de jeu qui vous convient, faites-vous plaisir !

Une dernière chose tout de même avant de partir : j’adore le Spirit Island, vraiment, je l’aime, mais la traduction française est, il faut l’admettre, assez aléatoire. N’hésitez donc pas dès que vous tombez sur une quelconque bizarrerie à vous renseigner un peu. Généralement, lire la version anglaise d’une carte répond à toutes mes questions.

A bientôt pour de nouvelles aventures!

 

 

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